Bras de fer entre la Coalition occidentale et les BRICS
Note d'analyse
Nul ne le conteste aujourd'hui, c'est le coup de bluff de Ronald Reagan, le 23 mars 1983, qui a permis de gagner la guerre froide. Ce jour-là le président Reagan dévoile un grand défi militaire US baptisé « la Guerre des étoiles ». Il s'agissait du projet de bâtir un bouclier de satellites équipés de lasers capables de détruire en vol tous les missiles ennemis. Ce système ne verra jamais le jour mais le bluff a fonctionné. L'URSS a tenté d' emboîter le pas aux USA, au prix de dépenses énormes. Elle s'est épuisée jusqu'à l'effondrement, engloutie par la folie de son appareil militaro-industriel. C'est donc bien par l'effondrement économique de l'adversaire que la "Coalition occidentale" d'alors a gagné la guerre froide sans le moindre affrontement militaire. Aujourd'hui deux conceptions de l'organisation du monde s'opposent de plus en plus ouvertement dans un véritable « bras de fer » plus ou moins feutré.
La "Coalition occidentale", qui comprend les USA, Israël, l'Union européenne, le Canada, le Japon et l'Australie, défend le maintien d'un statut quo qui l'avantage : monde unipolaire sous leadership occidental, FMI, Banque Mondiale, dollar, "devoir d'ingérence", concept bien commode pour défendre ses intérêts.
Les BRICS qui comprennent le Brésil, la Russie, la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud et l'Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS) visent au changement des règles du jeu et à l'avènement d'un monde multipolaire : fin des ingérences occidentales dans les affaires d'Etats souverains, réforme de l'ONU, refus de l'hégémonie du dollar et des structures créées et dirigées par les Occidentaux héritées de Bretton Woods: FMI, Banque mondiale, agences de notation (1).
La question qui se pose et dont la réponse porte en germe les futurs équilibres économique et géopolitique du monde est la suivante : lequel des deux blocs, USA-UE d'une part et BRICS-OCS d'autre part, emportera le bras de fer économique et à quel terme ? En ce début d'année 2018, il n'est pas inutile de faire un point de situation sur ce bras de fer et d'en déduire quelques perspectives.
L'année 2017 a été une excellente année pour les alliances BRICS-OCS qui font incontestablement avancer leur projet de changer l'équilibre et la gouvernance mondiale. Sur le plan économique, c'est le retour à la croissance de la Russie, pays pourtant sous sanctions occidentales, du Brésil et de l'Afrique du Sud, trois pays membres des BRICS qui étaient en récession en 2016. Avec une croissance de 1,8 à 1,9%, la Russie a fait en 2017 aussi bien que la France.
Tous les pays membres des BRICS et de l'OCS ont surperformé en 2017 par rapport aux prévisions du FMI.
La Chine et l'Inde, moteurs économiques des BRICS et de l'OCS, mais aussi de la croissance mondiale, continuent de rouler trois fois plus vite que les occidentaux sur l'autoroute de la croissance (+ 6,8% contre 2,2 à 2,3%). Selon les prévisions actuelles du FMI, le PIB indien dépassera ceux de la France et de la Grande Bretagne dès 2018 ; le PIB du Brésil les talonnera.
Les investissements pharamineux de la Chine sur l'ensemble de la planète dans le cadre du projet « La ceinture et la route », mais aussi les rachats massifs d'entreprises occidentales au cours des dernières années, commencent à porter leurs fruits et vont, à n'en pas douter, booster les résultats économiques de la Chine dans les années à venir.
Première puissance commerciale au monde, première détentrice de réserve en devises étrangères au monde, première puissance en PIB-PPA (Parité de Pouvoir d'Achat) depuis 4 ans et deuxième en PIB nominal, première créancière des États-Unis, la Chine poursuit tranquillement et inexorablement, en liaison avec ses partenaires des BRICS et de l'OCS, son objectif de changer la donne dans la gouvernance économique et la géopolitique mondiale.
Sur le plan financier, les efforts BRICS-OCS vont incontestablement dans le sens d'une dédollarisation très progressive des échanges internationaux et dans celui de la promotion du yuan. 67 accords bilatéraux ont été conclus par la Chine pour commercer en monnaies nationales, donc en contournant le dollar.
La notation très argumentée de la dette américaine au niveau BBB + avec perspective négative par l'agence de notation chinoise DAGONG en janvier 2018 ne va pas renforcer le dollar dont la valeur a baissé de 10 % par rapport au yuan en 2017.
La création de la Banque de développement des BRICS, de l'AIIB (Asian Infrastructure Investment Bank) et du fond de la Route de la soie permet à l'ensemble BRICS-OCS de faire avancer ses projets, avec ou sans l'aide du FMI et de la Banque Mondiale. L'évolution très rapide des PIB cumulés des pays BRICS en milliards de dollar nominal et la comparaison 2017 avec les PIB des USA et de l'UE est éloquente. Selon les données du FMI (2) :
- fin 2017 : les 5 pays BRICS ont dépassé l'UE à 28 Etats et talonnent les USA.
- En 2020 : les pays BRICS auront largement distancé l'UE à 27 (après BREXIT) et dépassé les USA.
Les chiffres ci-dessous sont exprimés en milliards de dollars.
2000 2010 2017 Prévision 2020
PIB US : 10 285 PIB US : 16 947 PIB US : 19 360 PIB US : 21 850
PIB UE : 9 365 PIB UE : 14 964 PIB UE : 17 110 PIB UE : 19 750 -2,8
PIB BRICS : 2 736 PIB BRICS : 11 800 PIB BRICS : 18 640 PIB BRICS : 23 600
L'analyse des données ci-dessus se passe de commentaires.
La comparaison des PIB PPA cumulés USA + UE d'une part et BRICS d'autre part en milliards de dollars PPA (Parité de Pouvoir d'Achat) est elle aussi très éloquente (3).
Les PIB-PPA cumulés des 5 pays BRICS ont donc dépassé en 2017 les PIB-PPA cumulés USA+UE.
C'est dans le domaine des budgets de défense que la comparaison des budgets-PPA est la plus pertinente. Les pays BRICS n'achètent quasiment pas d'équipements militaires aux USA ou à l'UE et leurs personnels militaires perçoivent des salaires très inférieurs à ceux de la "Coalition occidentale".
Sans prendre le risque d'être démenti par les faits, on peut donc d'ores et déjà affirmer que la parité des budgets de défense en dollars-PPA sera atteinte en 2020 entre l'OTAN et les pays BRICS-OCS. Entre 2020 et 2030, les budgets de défense PPA des BRICS-OCS creuseront l'écart très rapidement face au budget de défense de l'OTAN sous le simple effet du différentiel de croissance économique d'une part et d'un effort de défense très modeste de la composante UE de l'OTAN (inférieur à 2% du PIB).
La plupart des experts occidentaux tentent de rassurer l'opinion de leur pays en affirmant que les BRICS et l'OCS n'ont pas de véritable cohésion et sont composés de pays aux intérêts fortement divergents, voire d'ennemis héréditaires comme la Chine et l'Inde ou le Pakistan et l'Inde, ce qui est vrai. Ils en déduisent un peu vite que ces coalitions ne sont pas solides et ne demandent qu'à éclater pour peu que la coalition occidentale « manœuvre » avec habileté. Cette affirmation anesthésiante pour les Occidentaux ne résiste pas à l'analyse. En août 2017, Chine et Inde sont au bord d'un affrontement armé au sujet d'un corridor économique reliant la Chine au Pakistan qui empiète sur le territoire du Bouthan, allié de l'Inde. Le 2 Septembre 2017, les dirigeants des pays BRICS se rencontrent à Xiamen. Les présidents indiens et chinois se serrent la main comme si de rien n'était, enterrant leur querelle, et co-signent avec les chefs d'Etat russe, brésilien et sud-africain une déclaration commune de 71 articles qui scelle, une fois de plus, leur entente sur leur projet commun de changer les règles d'organisation et de gouvernance mondiale (4).
Cette anecdote montre clairement que les dirigeants des pays BRICS/OCS font passer leurs querelles bilatérales au second plan, dès lors que l'objectif défini en commun face au clan occidental est en jeu. Ce projet BRICS s'oppose clairement à celui de la "Coalition occidentale". Les articles 29, 30, et 38 à 42 du communiqué commun du 4 septembre 2017 méritent une lecture plus attentive. Ils concernent les aspects économiques, financiers, et surtout les « relations internationales ». Exemple :
Article 38 : «…Nous condamnons les interventions militaires unilatérales, les sanctions économiques et l'utilisation arbitraire de mesures coercitives unilatérales en violation de la législation internationale et des normes universellement reconnues en matière de relations internationales. Nous répétons avec insistance qu'aucun pays ne devrait renforcer sa sécurité au détriment de la sécurité des autres.» La "Coalition occidentale" sous leadership US devrait se sentir visée.
Article 41: « Nous répétons que la seule solution durable à la crise syrienne est celle d'un processus politique conduit par les Syriens eux-mêmes qui sauvegarde la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Syrie en application de la résolution du conseil de sécurité de l'ONU 2254 (2015) et qui promeuve les légitimes aspirations du peuple syrien. » C'est un soutien clair à la position russe et au gouvernement légitime syrien de Bachar el-Assad, et une position qui exclut toute ingérence occidentale, déjà condamnée à l'article 38.
Article 42 : « Nous insistons sur l'urgente nécessité d'une solution juste durable et compréhensive au conflit Israelo-Palestinien... - ... avec l'objectif de créer un état palestinien indépendant, viable et contigu, co-existant avec Israël, en paix et en toute sécurité.» Cette vision des BRICS, qui est aussi celle de l'OCS, est diamétralement opposée à la vision d'Israël et des Etats-Unis.
Article 45 : « Nous soutenons fermement le JCPOA (Traité sur le nucléaire iranien) et appelons toutes les parties prenantes à s'acquitter de l'intégralité de leurs obligations et à assurer l'application totale et efficace du JCPOA pour promouvoir la paix et la stabilité régionale.» Encore une fois, cette vision est totalement opposée à celle des Etats-Unis et d'Israël, une position par ailleurs soutenue par l'UE.
Les pays BRICS et OCS ont bien conscience que la "Coalition occidentale" sous leadership US tentera par tous les moyens d'empêcher la réalisation de leur projet et qu'une confrontation armée n'est pas à exclure. Ils préparent d'ailleurs leurs forces armées et multiplient les grandes manœuvres bilatérales. Une dizaine de grands exercices navals ou terrestres impliquant les pays de l'OCS ont eu lieu en 2017. Les budgets de défense BRICS et OCS sont dans une période de croissance forte, entre 7% et 10% par an pour l'Inde et la Chine. La croissance économique pour les uns, l'effort de défense pour la Russie rendent possibles et expliquent ces fortes hausses. Les BRICS multiplient également les démonstration de Forces pour dissuader l'Occident de tenter une option militaire (5).
La Chine, la Russie et l'Inde ont respectivement les 2ème, 3ème et 4ème budget de défense au monde en 2018. Ces trois états distancent très largement leurs rivaux immédiats : Grande-Bretagne, Allemagne, Japon, Arabie Saoudite, France,) surtout si l'on considère ces budgets de défense en PPA. Enfin, il faut prendre conscience que ces deux ensembles, BRICS et OCS, ont vocation à s'élargir et que les candidats ne manquent pas. Pour l'OCS, les prochaines admissions pourraient bien être celle de l'Iran, candidat et membre observateur de l'OCS depuis 12 ans, et celle de la Turquie, partenaire de discussion de l'OCS depuis 6 ans et membre de l'OTAN depuis 65 ans... Les dirigeants turcs, soutenus par leur opinion publique, se sentent de plus en plus mal à l'aise dans le camp occidental.
Pour les BRICS, une admission du Mexique, dont le Président était invité au sommet de Xiamen en Septembre dernier et qui vient d'annuler une visite officielle aux USA, prévue de longue date, après une communication téléphonique orageuse avec Trump (à propos du mur), constituerait un coup de tonnerre dans le camp occidental.
Une admission de l'Égypte, dont le Président était lui aussi présent à Xiamen, et qui prend peu à peu ses distances avec la coalition occidentale, n'est pas à exclure à moyen terme, peut-être dans une nouvelle formule baptisée BRICS +.
Bref, le lecteur aura compris que les projets BRICS-OCS, sous la houlette de la Chine, de la Russie et de l'Inde sont en voie de réalisation dans un délai qui n'est plus très lointain (6).
L'état des lieux de la coalition occidentale en ce début 2018 est beaucoup moins réjouissant. Sur le plan économique, cinq séries de données méritent une attention particulière :
1 – Une croissance dont on peut dire qu'elle est de trois fois inférieure à celle des pays BRICS : de 2 à 2,3% contre 6,8% à 6,9%. L'image à garder en mémoire est celle d'une voiture "occidentale" roulant à 50 à l'heure alors que la voiture BRICS roule à 150 à l'heure sur l'autoroute de la croissance et les prévisions du FMI pour les années à venir (2019 et 2020) ne prévoient pas de réduction significative de ce différentiel.
2 – Une dette abyssale, incontrôlée et incontrôlable, qui ne sera plus très longtemps supportable (compte tenu de la faible croissance) et qui va peser de plus en plus sur la crédibilité du dollar et, au-delà, sur la crédibilité de la gouvernance économique mondiale, des agences de notation (occidentales) et du système de Bretton Woods conçu par les Occidentaux pour les Occidentaux.
Avec près de 21 000 milliards de dollars, la dette US devance celle de l'UE (16 000 milliards de dollars) et celle du Japon à près de 10 000 milliards de dollars. Elle augmente d'un trilliard par an soit 3 milliards de dollars par jour. Voir le montant de la dette US et son évolution sur ce site où les données sont fiables (7).
Chacun peut constater que les pays BRICS ont des endettements publics dont le total est dix fois moins élevé que l'endettement occidental pour une croissance globalement trois fois plus forte (8).
La dette publique US se répartit schématiquement en trois tiers : un tiers est détenu par l'administration américaine (Federal Reserve) qui s'emprunte à elle-même en faisant tourner la planche à billet. Un second tiers est détenu par les fonds de pensions et les citoyens américains. Seul le troisième tiers (6 310 milliards sur 20 500 milliards au 31/12/2017) est détenu par des créanciers étrangers. Sur ces 6 310 milliards : la Chine + Hong Kong en détiennent 1 380, le Brésil 250, l'Inde 145 et la Russie 102.
Les BRICS détiennent donc, au total, 1 877 milliards de dollars de créances américaines soit 30 % du total aux mains des créanciers étrangers et 9% de la totalité de la dette US (9).
Chacun peut imaginer le levier (pour ne pas dire l'arme) que constitue ces 1877 milliards de dollars de créance. Une remise brutale sur le marché d'une partie significative de ces bonds du trésor US pourrait provoquer un choc boursier considérable et un effondrement du dollar, de l'économie US, et un chaos mondial, ce qui, à ce jour, n'est souhaité par personne.
3 – La nouvelle politique économique de Trump est simple, mais constitue un pari extrêmement risqué qui consiste à :
- réduire les taxes des entreprises et des particuliers pour relancer la croissance : donc réduire les rentrées fiscales.
- augmenter les dépenses d'investissements : infrastructure nationale, mur frontalier avec le Mexique, budget de défense...
Une telle politique se traduira par l'explosion du déficit budgétaire et donc d'une dette déjà astronomique et entraînera inévitablement une baisse de la confiance dans la solvabilité des USA et dans un dollar qui ne s'appuie aujourd'hui que sur un Himalaya de dettes. C'est ce que pense l'agence de notation chinoise DAGONG qui a dégradé la notation de la dette US à BBB+ avec perspectives négatives en argumentant sur ce manque de solvabilité (10). Les « Shutdown » budgétaires qui affectent les administrations US successives se répètent à un rythme qui va en s'accélérant. Ces faits ne sont pas non plus de nature à renforcer la confiance dans le dollar. Par ailleurs, il est peu probable que les pays BRICS-OCS acceptent encore longtemps de financer l'effort de défense US, via la dette, sachant que cet effort est ouvertement dirigé contre eux. La Chine et la Russie ont été clairement nommée en tête des principales menaces dans la dernière « Stratégie de Défense Nationale » US de Janvier 2018.
4 – La remise en cause des grands traités internationaux par l'administration Trump n'est pas bonne pour la cohésion du clan occidental. Le retrait du partenariat Transpacifique qui regroupait douze pays représentant 40 % de l'économie mondiale ouvre de nouvelles opportunités aux BRICS. La remise en cause de l'ALENA indispose autant le Canada que le Mexique. Le projet de Partenariat Transatlantique entre les USA et l'UE est au point mort. Le retrait US de l'accord sur le climat et de l'UNESCO, la menace de retrait de l'accord sur le nucléaire iranien, et la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d'Israël, quasi unanimement condamnée à l'ONU, font perdre aux USA toute légitimité à exercer un leadership mondial et contribuent à leur isolement.
5 – La politique de sanctions économiques unilatérales tous azimuts : Russie, Iran, Corée du Nord, Chine, Syrie, condamnée par les BRICS-OCS et menée par la "Coalition occidentale", mais surtout par les États-Unis qui ignorent superbement l'ONU et tordent les bras de leurs propres alliés, sont de plus en plus contreproductives et contribue à la division du camp occidental et à la cohésion des blocs BRICS-OCS (11). La menace d'application de ces sanctions à leurs alliés en application du principe d'extraterritorialité du droit US affectent durement les intérêts économiques de l'Union Européenne en général, de la France en particulier : sanctions anti-russes, Affaire North Stream 2, affaire Alstom, ventes d'Airbus à l'Iran, de Rafales à l'Égypte, affaires BNP Paribas et Société générale, etc.
Une guerre économique entre les USA et l'UE serait dommageable pour les deux parties et, dans tous les cas, n'affectera pas sensiblement les BRICS. Sur le plan économique, la situation occidentale déjà peu reluisante est aggravée par les divisions qui se développent au sein de l'UE, avec le BREXIT bien sûr, mais aussi avec les divergences qui opposent l'Est et l'Ouest de l'UE sur la politique migratoire, sur les sanctions anti-russes et surtout sur leurs conséquences économiques. Des divisions profondes se sont également développées au sein de chacun des états de l'UE sur les solutions à appliquer face à la crise migratoire. Les chefs d'Etats des grands pays de l'UE, France, Royaume-Uni et Allemagne, doivent composer avec leurs opinions publiques. Tous plutôt mal élus, ils ne représentent plus vraiment les aspirations majoritaires de leurs peuples et doivent pour les deux derniers gouverner avec des coalitions parlementaires fragiles. Sur le plan militaire, l'OTAN a perdu de sa superbe avec le désarmement massif qui a suivi la chute du mur de Berlin. La forte réduction des budgets de défense affectant les pays de l'UE conjuguée aux ingérences US tous azimuts, coûteuses dans les affaires du monde, ne permettent plus un renouvellement et un maintien en condition satisfaisant des matériels. Ces matériels ont vieilli et ont une disponibilité technique opérationnelle très insuffisante dénoncée par plusieurs chefs d'état-major ou par des rapports parlementaires dans différents pays de l'OTAN.
Dans toutes les armées de l'OTAN, le taux de sélection et de fidélisation des personnels est faible et leur turn-over est beaucoup trop élevé. Leur sous-entraînement et le faible niveau de leur moral ont également été dénoncés dans différents rapports ou auditions de chefs militaires éminents. Au-delà des rodomontades politiques et médiatiques, force est de reconnaître que la défense des pays de l'OTAN n'a jamais été aussi fragile, depuis sa création, face aux principaux adversaires potentiels désignés : Chine et Russie.
Il semble encore prématuré de tirer des faits présentés ci-dessus une conclusion générale et définitive sur l'évolution du bras de fer qui oppose les blocs BRICS-OCS- à la "Coalition occidentale" et à l'OTAN. La victoire dans ce bras de fer ne sera probablement pas le fruit d'un affrontement militaire qui serait catastrophique pour l'Etat qui en prendrait l'initiative. Elle sera plus probablement, comme pour la guerre froide, le fruit de l'effondrement économique, plus ou moins brutal, d'un système à bout de souffle qui ne peut pas tenir dans la durée. Un tel effondrement peut désormais survenir à tout moment. De nombreux économistes le prédisent aujourd'hui. Les perspectives à très court terme (deux à trois ans), ne sont assurément pas favorables au clan occidental. Ce camp, qui est le notre, aura-t-il les capacités économiques et la forte volonté politique nécessaires pour conserver durablement son rôle dominant dans les affaires du monde ? Les opinions publiques occidentales sont-elles prêtes à accepter les remises en cause inévitables de leurs « acquis » et à faire les sacrifices consentis par le camp d'en face pour pouvoir rivaliser avec lui ?
A chacun de répondre à cette intéressante question, pour moi, la messe est dite...
Général Dominique Delawarde
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_de_coop%C3%A9ration_de_Shanghai
(2) http://www.imf.org/external/datamapper/NGDPD@WEO/USA/EU/GBR/CHN/IND/BRA/RUS/SSD/ZAF
(3) Source : FMI : http://www.imf.org/external/datamapper/NGDPD@WEO/USA/EU/GBR/CHN/IND/BRA/RUS/SSD/ZAF
(4) http://www.bricschn.org/English/2017-09/05/c_136583711.htm
(5) Liens vers les vidéos :
Parade du 9 mai 2015 sur la place Rouge avec la participation d'importants contingents Chinois et indiens, mais aussi d'une douzaines de pays amis en présence de la quasi totalité des chefs d'état BRICS et OCS.
https://francais.rt.com/international/2241-defile-70eme-victoire
Parade chinoise du 3 Septembre 2015 sur la place Tien an Men en présence Vladimir Poutine, invité d'honneur: https://www.youtube.com/watch?v=0_biGuK_NCo (extraits) ou version intégrale https://www.youtube.com/watch?v=YoC0Xcjko0A
Parade du 30 juillet 2017 en Chine pour le 90ème anniversaire de la fondation de l'APL (Armée populaire de Libération) https://www.youtube.com/watch?v=zle002ZZIbw (2 mn 49)
(6) http://www.bricschn.org/English/2017-09/05/c_136583711.htm
(7) http://www.usdebtclock.org/
(8) http://www.usdebtclock.org/world-debtclock.html
(9) http://ticdata.treasury.gov/Publish/mfh.txt
(10) http://en.dagongcredit.com/uploadfile/2018/0116/20180116034946792.pdf
(11) https://youtu.be/BGJrkmLIWB8
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