Mali, rapport du groupe d'experts de l'ONU
Document
Le dernier rapport du groupe d'experts de l'ONU sur le Mali, publié en août, est une mine. Extrêmement précis, ce document démontre, ô combien, la complexité malienne : situation fluctuante au gré des rivalités internes de la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA), des alliances ou des mésalliances entre les multiples et divers groupes armés.
Le rapport revient longuement sur la mise en œuvre de l'Accord d'Alger (2015). Si les experts adoptent un langage diplomatique et ne parlent pas ouvertement de manque de volonté politique de la part de toutes les parties, notamment du gouvernement malien, ils notent tout de même « des progrès négligeables et l'absence d'une feuille de route ».
Les experts font également le lien entre terrorisme et conflits dits « intercommunautaires » : « On assiste généralement dans la région du Sahel à la multiplication d'attaques violentes menées par des djihadistes et des groupes criminels proches, venant dresser les populations les unes contre les autres, le Burkina Faso et le Niger étant, outre le Mali, les pays les plus éprouvés par ces attaques. »
Ils détaillent aussi par le menu la criminalité en tout genre, trafic d'êtres humains, de drogue, de cigarettes et les liens entre les acteurs politiques maliens et les trafiquants.
Enfin, et c'est un des nombreux points intéressants de ce rapport, les experts constatent l'arrivée dans la Bande sahélo-saharienne de djihadistes étrangers : « D'après les observateurs, la flambée d'attaques menées à l'engin explosif improvisé sophistiqué constatée au Niger ces sept derniers mois trahit une plus étroite coordination entre les terroristes locaux et le noyau dur de l'EIIL. Les modes opératoires utilisés dans la région sont également en cours d'évolution. Le 14 février 2019, à Djibo, dans le nord du Burkina Faso, un cadavre humain bourré d'explosifs a tué un professionnel de la santé. C'est la première fois qu'il est fait état de ce procédé, que beaucoup jugent d'usage courant en Iraq, dans la région ». La présence de djihadistes en provenance du Moyen-Orient avait déjà été relevée par l'IVERIS dans sa note " De la Syrie au Sahel"
Accéder au document :
https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/S_2019_636_F.pdf
afrique, afrique de l'ouest;, mali; bss