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L'Arabie saoudite pourrait accéder à la technologie nucléaire grâce à la Russie. Qui l'eut cru ?

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24 juillet, 2015
Note
René Naba


Le prince Mohamad, ministre de la défense et vice prince héritier du Royaume, a supervisé la conclusion d'un protocole de coopération entre ROSATOM et la «Cité Roi Abdallah pour la recherche atomique». Cet accord vise à la mise en place de structures afférentes au développement de la recherche atomique à des fins pacifiques en Arabie saoudite. Il porte également sur la coopération dans le domaine de la recherche spatiale.*

Sur le domaine sensible du nucléaire, les Occidentaux ont été coiffés au poteau, sans doute en raison du fait que les Saoudiens ont jugé les promesses russes plus fiables, tant au regard de leurs engagements  vis à vis de la Syrie que vis à vis du nucléaire iranien.

Le rapprochement saoudo-russe devrait être scellé par une visite officielle de Vladimir Poutine à Ryad, comme un pied de nez aux sanctions occidentales à l'égard de la Russie pour son comportement en Ukraine. Un comportement apprécié différemment à Ryad pour qui : « Les Russes ne lâchent rien, ni leurs acquis, ni leurs amis ». On se souvient que le Chah d'Iran, longtemps le meilleur allié des États Unis dans la zone, a été abandonné à son sort à la première contestation d'envergure de son régime.

En difficulté au Yémen, sur la défensive depuis les révélations du Saudi Cables sur les turpitudes du Royaume et sa fonction corruptrice sur la vie politique arabe, la dynastie wahhabite cherche à se dégager du noeud coulant qui se tend autour de son cou et s'aménager un nouvel espace vital en direction d'Israël et la Russie.

Vers Israël, rien d'original. Le Royaume a été le principal bénéficiaire des coups de butoirs répétitifs d'Israël contre le régimes républicains arabes, --de l'agression tripartite de Suez, en 1956, à la guerre de Juin 1967, aux bombardements des centrales nucléaires d'Irak (juillet 1981) et de Syrie (2008), à la décapitation du leadership palestinien--. Jadis souterraine, la connivence israélo-saoudienne est désormais publique.

Signe du désarroi monarchique, la nouveauté provient du spectaculaire rapprochement de la dynastie wahhabite avec la Russie.  Premier pays à voir reconnu le royaume saoudien, en 1926, l'Union soviétique a été pourtant la cible majeure des menées saoudiennes à travers le Monde, pendant un demi-siècle, au nom du «combat contre l'athéisme». Particulièrement en Afghanistan (1980-1989) où l'Arabie saoudite a engagé près de 50.000 arabes afghans, sous la houlette de son agent de liaison de l'époque Oussama Ben Laden contre l'Armée Rouge.

Un quart de siècle plus tard, le royaume récidivait en Syrie, contre le principal allié de la Russie dans la zone. En vain. Malgré les mirobolantes offres du Prince Bandar, le capo di tutti cappi du djihadisme planétaire, qui avait secrètement proposé à la Russie de contrôler le marché mondial du pétrole et de sauvegarder les contrats de gaz de la Russie, si le Kremlin se démarquait du régime de Bachar Al-Assad en Syrie. Le prince, désormais en disgrâce avait assorti cette offre d'une commande alléchante de 15 milliards de dollars d'armements russes et l'assurance que le gaz du Golfe ne menacerait pas la position de la Russie en tant que fournisseur principal de l'Europe.

L'offre saoudienne s'était doublée de l'assurance que les Jeux Olympiques d'Hiver de Sotchi se dérouleraient à l'abri du moindre attentat en provenance des séparatistes tchétchènes. Elle s'était même accompagnée d'une proposition du Qatar visant à allouer près de 4 milliards de dollars pour la location des bases navales russes en Syrie, (Banias et Tartous) en contrepartie du désengagement russe envers Assad. Là aussi, en vain.

La donne a changé avec les revers du camp islamo-atlantiste au Yémen et en Syrie et l'arrivée du Roi Salmane au pouvoir, qui a dépêché le 18 juin 2015, son propre fils, Mohamad, à Moscou pour une mission de bonne volonté. Visite fructueuse à en juger par ses résultats.

 

*René Naba est directeur éditorial du site www.madaniya.info.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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arabie saoudite