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Ukraine : démission d’un ministre dénonçant la corruption

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05 février, 2016
Veille
Dinah Lee


Un an à peine après sa prise de fonction comme ministre du Développement Economique et du Commerce, Aivaras Abromavicius, banquier d'origine lithuanienne, a présenté sa démission le 3 février 2016. 

Aivaras Abromavicius a dénoncé la corruption, qui continue de gangréner l'Ukraine depuis la fin de l'Union Soviétique, en ces termes : « Ni mon équipe, ni moi ne désirons plus servir de couverture à la corruption cachée, ou bien à devenir les marionnettes de ceux qui, à l'instar de l'ancien gouvernement, essaient d'exercer leur contrôle sur les fonds publics. Je n'ai pas l'intention de me rendre à Davos et de discuter de nos succès avec des investisseurs internationaux et des partenaires, tout en sachant que derrière mon dos, certains individus manigancent pour leurs intérêts propres. Ces gens ont des noms. Je voudrais en mentionner un en particulier aujourd'hui. Il s'agit d'Igor Kononenko » Ce dernier est conseiller de l'actuel président ukrainien Petro Poroshenko. Si Aivaras Abromavicius nomme Igor Kononenko, comme l'un de ceux qui entravent la marche des réformes, il s'agit surtout, pour lui, de dénoncer un système totalement corrompu. L'Ukraine siège à la 130ème position du classement de Transparency International.

Dans son émission du 3 février dernier, le journaliste Savik Shuster posait la question aux députés invités sur son plateau : « Quel est le plus grand danger en Ukraine aujourd'hui ? Est-ce la guerre comme le déclarait le président Petro Poroshenko lors de sa visite en Allemagne en début de semaine ? Ou est-ce la corruption ? » Tous les invités, y compris l'ex-président géorgien devenu gouverneur d'Odessa, Mikheil Saakachvili, ont reconnu que la corruption constitue une menace grave pour le pays. Les réformes stagnent, la question du Donbass reste suspendue et le budget manque de transparence.

Politiquement, le paysage ukrainien reste très divisé et ce n'est pas la première démission d'un haut fonctionnaire du nouveau gouvernement. Les slogans de la place Maidan contre le régime corrompu de l'ancien président renversé Victor Yanoukovitch restent d'actualité. Dans un climat de grande instabilité, l'Union européenne a poussé pour que l'accord de libre échange entre en vigueur au début de l'année 2016. Parallèlement, l'OTAN renforce sa coopération avec Kiev en ouvrant un bureau officiel dans le pays.

A la suite de la démission d'Aivaras Abromavicius, dix ambassadeurs dont ceux de la France, de l'Allemagne, du Canada, et la Grande Bretagne ont publié un communiqué commun regrettant cette démission et saluant le travail du ministre du Développement Economique et du Commerce. Cette réaction peut être lue comme un message fort et un appel à la communauté internationale pour venir en aide à l'Ukraine dans sa lutte contre la corruption. En réalité, il s'agit encore et toujours de soutenir l'Ukraine, qui est sous perfusion du FMI et attend avec impatience un prochain versement très questionné.

Au vu de la situation de ce pays, la tenue de nouvelles élections dans un avenir proche est un scénario très problable. La visite de Julia Tymochenko aux Etats-Unis où elle rencontre actuellement le sénateur John McCain et Victoria Nuland est, dans ce sens, très éloquente.
 

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crise ukrainienne