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Airbus invente l’industrie d’armement apolitique

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01 décembre, 2015
Veille
Hajnalka Vincze


Après avoir délibérément dés-européanisé le nom de son groupe, l'ex-EADS, le PDG d'Airbus reste fidèle à ses convictions. Au sujet de la vente prévue des activités liées à l'électronique de défense d'Airbus, Tom Enders déclare être indifférent à la nationalité de l'acquéreur, puisque seul le prix compte... 

« Si nous vendons quelque chose, je dois en obtenir le meilleur prix possible », a-t-il dit dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung. En prenant le soin de préciser qu'il procède ainsi, en considérant même les offres hors Europe, « contrairement à certaines recommandations venant de la sphère politique ».

Après tout, il est temps de chasser cette idée fantaisiste selon laquelle l'industrie de défense aurait quelque chose à voir, Dieu nous en garde, avec la (géo)politique… Seul problème : celui qui se proclame pionnier de cette nouvelle vision est à la tête d'une société dépositaire, entre autres, de l'une des clés de la dissuasion (notamment les missiles à bord des sous-marins nucléaires lanceurs d'engin). Et qu'il vient de mettre la main, à travers ce qui ressemble fort à une gabegie politico-industrielle, sur Ariane 6, la prochaine fusée européenne.

C'est dans ce contexte qu'il faut apprécier l'approche « apolitique » et « apatride » de Tom Enders. Une approche manifestement partagé par le grand « stratège » du groupe, le français Marwan Lahoud. Lors de son audition à l'Assemblée nationale en mai dernier, celui-ci tenait à souligner la chute des budgets de défense en Europe et le déplacement du centre de gravité des activités aéronautiques. D'où ce qu'il nomme « le grand écart » : « Si 90 % de notre effectif est employé en Europe de l'Ouest, principalement en France, en Allemagne, en Espagne et au Royaume Uni, notre chiffre d'affaires est pour plus de 70 % réalisé hors de ces quatre pays ».

Or, dans la tête des dirigeants-gestionnaires d'Airbus, qui dit argent dit aussi loyauté… Dans cet esprit, Marwan Lahoud n'a pas manqué de lancer un avertissement à peine voilée : « J'ajoute que l'activité ‘défense' nous ancre en Europe ; si elle devait disparaître ou être réduite à la portion congrue, nous n'aurions plus besoin de rester »

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airbus, armement