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La guerre et le déshonneur

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24 décembre, 2016
Tribune libre
Patricia Lalonde


De fausses nouvelles en fausses surprises, depuis des semaines la libération d'Alep était attendue. Lorsque, il y a quelques jours seulement, Paris réunissait l'opposition à Bachar al-Assad, Alep était déjà libérée à 93%. Cette ultime tentative  du clan occidental avait pour objectif d'éviter une débâcle totale en essayant d'obtenir un cessez le feu et l'ouverture de corridors humanitaires. Mais c'était sans compter sur la résistance tenace des rebelles en tout genre de Jabat Al Nusra et consorts qui maintenaient en otage les 7% du territoire restant… 

 

 Crédit photo : Pierre le Corf

A cette heure, des images de la population en liesse nous parviennent. Pour célébrer la victoire, les mosquées ont appelé à la prière et les églises ont sonné les cloches. Tout un symbole bien loin des images de désolation qui tournent en boucle sur nos écrans. Alep-Est en ruine, certes, mais Alep n'est plus occupée. Cela rappelle d'autres souvenirs, à l'exemple du Père Daniel Maes, du monastère Saint Jacques le Mutilé, à Qâra qui avoue avoir l'impression de revivre la fin de la seconde guerre mondiale ; la parole commence à se libérer et les civils racontent :  le manque de nourriture, les violences subies, les séquestrations, les tortures, les crimes commis comme celui des deux doctoresses russes abattues devant leur hôpital mobile.

Mais les Occidentaux, eux, ont préféré ne pas écouter la voix du peuple syrien et dénoncer les Russes et l'armée syrienne en montrant les photos d'Alep en ruine, en insistant sur la prise de Palmyre par l'Etat Islamique ; comme s'il fallait minimiser cette victoire. La mauvaise foi n'a pas eu de limites et la désinformation a battu son plein. Alep libérée,  la vérité émerge.
Devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, Bachar al-Jaafari, le représentant de la Syrie à l'ONU, a déclaré que des conseillers de l'Otan étaient sur place cachés dans des bunkers au milieu des terroristes modérés pour les conseiller et les aider. Une liste de noms incomplète a été publiée. Parmi ces experts chargés de « soutenir » les djihadistes se trouvaient un Israélien, un Américain, un Turc ainsi que des militaires saoudiens et jordaniens. « Nous avons leurs noms et nous allons les arrêter » a déclaré Bachar al-Jaafari devant une assemblée de journalistes.
Cela explique-t-il les efforts diplomatiques entre John Kerry, le secrétaire d'Etat américain et Serguei Lavrov, le Ministre russe des Affaires étrangères, afin de permettre de différencier les rebelles modérés des radicaux du Front Al Nusra ? Efforts qui n'ont, par ailleurs, jamais aboutis.  Et pour cause, Ashton Carter, le Secrétaire d'Etat à la défense et le Pentagone avaient, sans doute, leur propre agenda pour protéger leurs conseillers et  les rebelles en les faisant sortir parmi les civils. C'est la raison pour laquelle la prise d'Alep a pris plus de temps que prévu.

Puisqu'il convient d'appeler « un chat, un chat », c'est une véritable débâcle pour la Coalition occidentale qui aura connu le déshonneur d'avoir apporté un soutien aux islamistes radicaux tout en subissant les terribles attaques meurtrières du Bataclan, de Nice,  de Berlin et l'arrivée d'une vague de réfugiés sans précédant. En 1940, Winston Churchill déclarait : « Vous aurez le déshonneur et la guerre avec ».

 Patricia Lalonde
Chercheur à l'IPSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tags:
etat islamique, etats-unis, europe, france, moyen orient, syrie