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Burkina Faso : cette guerre telle qu'elle est menée n'est pas gagnable

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26 avril, 2023
Note
Newton Ahmed Barry


Après le massacre de Karma au Burkina Faso où selon les différentes sources entre 150 et 263 personnes ont été tuées par des hommes en treillis, l'IVERIS reprend avec l'aimable autorisation de l'auteur l'article du journaliste Newton Ahmed Barry. Ce court texte décrit avec pertinence et justesse la situation qui prévaut dans ce pays. 


Ibrahim Traoré, chef de l'Etat burkinabè, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat le 30 septembre 2022

 

La guerre n'est pas un jeu de vidéo qui peut-être conduite par des esprits immatures. La guerre est terrible surtout quand elle est totale et débridée, elle finit par ne plus discerner les ennemis. La guerre est terrible surtout quand ses buts sont imprécis et les moyens suffisamment flous.

Contre qui finalement nous battons-nous ? Karma, montre que c'est contre nous-mêmes. Si dans un village de 400 habitants, plus de 200 sont complices d'un crime supposé contre la nation, il faut peut-être s'interroger. S'il faut ôter autant de vies pour espérer éteindre l'incendie, le coût d'une telle « victoire » est si immonde qu'il faut lui préférer une défaite à visage humain. Karma arrive parce qu'on a banalisé la mort. Tuer un Burkinabé n'est plus un problème. Cela n'émeut plus personne. Certains mêmes en jacassent sur les réseaux sociaux se réjouissant de ce que les charognards vont bien festoyer.

Quand la guerre se résume à l'accumulation des arsenaux, nous devons nous préparer à aligner les Karma.
Il y a un moment que l'on a vu venir le tournant qui a produit du Karma. En effet, les théoriciens de la guerre du régime commençaient à indexer les villages qui n'avaient pas mis en place des Volontaires pour la Défense de la Patrie, (supplétifs civils de l'armée burkinabè) ou des villages qui étaient encore en place alors que tous les autres avaient été déguerpis. Ceux-ci étaient ouvertement accusés de pactiser avec les terroristes. Or chacun sait ce que coûte une pareille accusation dans le contexte d'aujourd'hui. Ce tournant se dessinait de façon très claire. Karma a été hélas la malheureuse première victime.

Cette guerre telle qu'elle est menée n'est pas gagnable. Car elle se mène sur des facteurs qui précipitent le délitement du pays. Posons-nous les bonnes questions : est-ce que du 30 septembre 2022, (date du coup d'Etat perpétré par Ibrahim Traoré) au 25 avril 2023, il est possible d'affirmer que la situation du pays s'est améliorée dans un segment essentiel ?

Si on ne peut pas répondre par l'affirmative, alors prenez notre courage et revoyons pour espérer sauver l'essentiel ! Pour cela tout le monde est interpellé et nos FDS également. Il s'agit de notre pays. Sachons nous remettons en cause.

Newton Ahmed Barry

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burkina faso