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La Côte d'Ivoire sur un fil

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07 janvier, 2017
Note
Leslie Varenne


Depuis hier, la Côte d'Ivoire est en proie à de fortes turbulences. Officiellement il s'agit d'une mutinerie de militaires mécontents de leurs conditions et revendiquant des primes et des augmentations de salaires. Ce soulèvement commencé au Nord du pays, s'est très vite étendu à l'Ouest et au Centre. Depuis ce samedi matin la révolte a atteint la capitale où des tirs ont été entendus dans plusieurs quartiers d'Abidjan, notamment dans le camp militaire d'Akouédo et dans celui du 3ème bataillon de gendarmerie d'Anyama.

 

Mutinerie ou coup d'Etat ?

Si les revendications de ces militaires sont, sans aucun doute, fondées, les raisons de ces événements sont à chercher ailleurs. Jamais dans l'histoire de ce pays une mutinerie n'a été initiée de manière spontanée (1). Depuis plus d'une année, Alassane Ouattara n'a cessé de mécontenter son propre camp. Le référendum changeant la constitution a été très contesté, y compris chez ses partisans, qui percevaient la nomination d'un vice-Président comme la désignation d'un successeur auto-proclamé et se sentaient écartés du jeu politique. Ensuite par l'organisation des élections législatives où le Président a poussé un certain nombre de ses ministres à se présenter à la députation pour réorganiser son pouvoir. Enfin par la mise à la retraite de certains dignitaires de l'armée comme le Général Bakayoko. Autant de personnes qui ont œuvré pendant de nombreuses années à l'arrivée et au maintien d'Alassane Ouattara à la tête de l'Etat. Il faut aller chercher les vraies raisons de cette « mutinerie », qui s'apparente en réalité plus à un coup d'Etat, dans ces mises à l'écart, dans la déconsidération et le manque de reconnaissance. La concordance des temps est également à prendre en compte puisque le Président devait nommer le vice-Président dans les jours prochains.

Quitte ou double

Tous les ingrédients sont réunis pour une déflagration. Les feux s'allument un peu partout dans le pays. Même si la situation est confuse, tous les contacts ivoiriens s'accordent sur un point, les prochaines heures seront cruciales et « la nuit à venir sera très difficile pour tout le monde » ; Si ces événements perdurent au-delà des prochaines 48 heures Alassane Ouattara, actuellement à Accra pour assister à la cérémonie d'investiture du nouveau Président ghanéen Akufo-Addo, se trouvera dans une position extrêmement difficile, voire impossible. Le Président ivoirien marche sur un fil et à l'heure actuelle personne ne sait de quel côté il tombera. L'opposition, Front du refus et pro-Gbagbo, regarde les événements en spectatrice puisque le combat se déroule entre protagonistes du camp Ouattara. Quant à l'armée française présente en Côte d'Ivoire, elle ne devrait, en principe, pas intervenir pour départager les belligérants puisque selon les accords de défense entre les deux pays, l'ennemi ne vient pas de l'extérieur. 

 

(1) En 1999, c'est également sous le prétexte de revendications corporatistes que les mutins avaient perpétré le coup d'Etat qui a évincé le Président Henri-Konan Bédié du pouvoir.

Leslie Varenne 

 

 

 

 

Tags:
abidjan, afrique, afrique de l'ouest;