Kinshasa : ce qui devait arriver arriva
Note
19 décembre 23h59, cette date était écrite dans le marbre. Les dialogues, inclusifs ou non, tant vantés comme une issue politique au chaos qui se profilait se sont avérés être ce qu'ils étaient réellement : des écrans de fumée pour permettre à Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de la date fatidique de la fin constitutionnelle de son mandat. Le peuple congolais a toujours exprimé son désir de respecter la constitution et d'appliquer à la lettre l'article de 64 de ce texte fondamental : « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d'individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation des dispositions de la présente Constitution.» Chacun était prévenu, les Congolais l'avaient chanté sur tous les tons de "Kabila dégage " à "Bye-bye Kabila ", après le 19 décembre « c'est fini et la situation va dégénérer. Il va nous tuer, mais nous sommes prêts. »
A l'heure dite, toute la République Démocratique du Congo (RDC) a commencé à se soulever, concerts de sifflets, de casseroles et attroupements de jeunes par petits groupes. La coupure du réseau internet programmée par le pouvoir n'étant pas encore opérationnelle, les messages affluent à un rythme soutenu. Dans ces circonstances il est impossible de tout vérifier, mais ces messages donnent une image globale des événements à un instant T. Le pays est debout, des affrontements meurtriers entre les manifestants et les forces armées ont lieu dans de nombreux quartiers de Kinshasa et dans d'autres villes de RDC, comme Boma ou Matadi où il y aurait déjà cinq morts. Bien entendu, Lubumbashi n'est pas épargnée. La capitale du Haut-Katanga est en ébullition, des tirs nourris retentissent depuis ce matin, 19 morts seraient déjà à déplorer. Le grand vent qui souffle sur la RDC emportera-t-il Joseph Kabila ? Sans aucun doute, mais quand ? Celui qui n'est déjà plus qu'un ex-Président se prépare depuis des années à ce passage en force, il a eu le temps de s'armer et de recruter des mercenaires en provenance des pays voisins. Il peut également compter sur ses amis les Présidents ougandais et rwandais. La durée de cette révolte et le nombre de morts se chiffreront à l'aune de l'attitude de la police et de l'armée. Resteront-ils loyaux à Joseph Kabila ? Il n'est pas impossible qu'un certain nombre de ces forces fassent défection, plusieurs messages reçus ce matin font état de tirs entre policiers.
L'Union Européenne, les USA, la France, la Belgique ancien pays colonisateur, n'ont eu de cesse, depuis plus d'un an, d'envoyer des messages de mises en garde fermes à l'adresse de Joseph Kabila. Aujourd'hui 20 décembre, ils prennent la mesure de leur impuissance. Le destin des Congolais reste entièrement entre leurs mains…